Suite ... le développement urbain algérien
Il fallait donc chercher ailleurs les ressorts de la croissance pour cela, associer analyse intime du fonctionnement d’une ville algérienne et confrontation avec les chiffres. Cette analyse intime nous a été rendue possible par notre insertion très forte dans la communauté algérienne de la région parisienne qui nous permit de disposer, dans différentes régions d’Algérie, de contacts de confiance. C’est à partir de ces narrations de la vie au quotidien que s’est imposée une nouvelle approche du développement urbain. Elle consiste à examiner successivement : l’argent qui rentre dans une ville ; la manière dont l’argent circule dans la ville ; la manière dont il en ressort. Si l’on prend les deux extrêmes, une ville traditionnelle avec de nombreux échanges internes et la redistribution sociale à travers des solidarités familiales et des échanges de services et une enclave moderne plaquée sur la société traditionnelle, où beaucoup d’argent rentre pour payer les salariés mais ressort aussitôt pour acheter des biens de services venant de l’extérieur, on comprend que la même entrée d’argent dans la ville peut avoir dans les deux cas des effets radicalement différents. C’est donc en utilisant l’analyse qui venait d’être faite sur les structures de consommation des familles algériennes que j’ai pu bâtir un outil prévisionnel de la croissance conduisant à des conclusions radicalement différentes de celles des planificateurs algériens. Mon outil ne prétendait pas prévoir l’avenir mais offrir un outil d’intelligibilité qui soit un support fiable pour le raisonnement des planificateurs. Ce mode de réflexion m’a beaucoup inspiré par la suite, d’autant plus que, en 1980, l’évolution de la population d’Alger m’a donné entièrement raison.