1988 - 1986

 

Le départ progressif de l’administration et le passage à la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme

 

En 1986, la Fondation pour le Progrès de l’Homme n’était pas pour moi une aventure nouvelle. Dès la fin de l’année 1980, ma femme Paulette et moi avions été amenés à notre retour à Paris de discuter avec ma mère Madeleine de la mise en œuvre des volontés de Charles Léopold Mayer dont elle était l’exécutrice testamentaire. Et nous nous étions aperçus de l’étendue du drame qui se préparait. Madame Calame avait été la secrétaire et l’assistante de Charles Léopold Mayer pendant quarante ans. Elle avait donc du à son décès prendre son relais dans la gestion d’une fondation qu’il avait créée selon les statuts précaires et caractéristiques d’un grand individualiste, au Lichtenstein, et donc le patrimoine était dispersé chez différents gestionnaires financiers. Elle avait dû fait appel, pour un problème qui la dépassait, à un ami de Charles Léopold Mayer dont je tairai le nom par charité. Il avait vu tout le profit qu’il pouvait tirer de ses conseils et, avec un de ses comparses, avait entrepris une opération de grand style, soigneusement échelonnée sur un certain nombre d’années, pour dépouiller la fondation de son patrimoine et se l’approprier. Ma mère Madeleine n’avait pris conscience que très lentement du fait qu’elle était manipulée. Il était déjà presque trop tard. Milagros Lopez, qui avait été la femme de chambre de Charles Léopold Mayer jusqu’à son décès, eut la présence d’esprit d’alerter ma femme Paulette pour m’inciter à intervenir. L’effet de surprise fut tel qu’en six mois, la totalité du patrimoine était récupérée et mise hors d’atteinte des gestionnaires indélicats. De là la création, en avril 2002, de la fondation devenue Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme. Depuis 1982, ma mère en présidait les destinées, ma femme et moi en avions travaillé avec elle les statuts et une nouvelle aventure avait commencé, que j’accompagnais de mon mieux en parallèle avec mes activités professionnelles. C’est pourquoi lors de mon départ précipité d’Usinor, je demandais à mon administration à l’instigation de mon épouse six mois de congés pour l’aider à donner un nouvel élan à cette fondation. Au bout de six mois, j’étais convaincu de l’importance de ce type d’institution et des potentialités qu’elle offrait. Un trait d’autant plus fort qu’en face, j’assistais au dépérissement à bas bruits de l’Etat et en particulier du Ministère où je m’étais tant investi. Deux postes me furent successivement proposés : la Direction Départementale de l’Equipement de Seine Saint Denis et le Plan Construction. Le premier, qui renouait avec mon expérience valenciennoise, me séduisait. Jusqu’au moment où le directeur du personnel horriblement gêné m’indiqua que Robert Pandraud, proche de Charles Pasqua, était député dans ce département et qu’il verrait d’un mauvais œil un directeur départemental de l’équipement réputé pour son indépendance d’esprit et sa rigidité face aux pressions politiques. Exit la Seine Saint Denis. Même scénario pour le Plan Construction dont la perspective d’ailleurs ne m’enchantait guère : j’appris que le poste ne m’était plus offert parce que « certains » à la Fédération du Bâtiment me trouvaient le cou trop raide. « Mon » Etat appartenait au passé. J’avais compris quand en 1988, au retour de la gauche au pouvoir, Michel Delebarre m’offrit la direction de l’urbanisme. C’était à ma sortie de l’école le poste qui me semblait le couronnement d’une carrière quand on est passionné par les problèmes urbains. Je me vis répondre non à cette alléchante et amicale proposition. Et je compris alors que la page était tournée.